Les chantiers qui se sont succédés tout au long de l’année 2022, et plus particulièrement à l’automne, ont permis la construction de notre four à gueulard. Rétrospective et explications en images.
Qu’est-ce qu’un four à gueulard? C’est un four avec un foyer séparé de l’espace de cuisson, à la différence d’un four à chauffe directe – ou four romain. Dans un four à gueulard, le foyer est situé en dessous du four: ce ne sont pas les braises, mais seulement la flamme qui vient chauffer le four.
Un tel four présente l’intérêt de s’épargner le débraisage. Il offre la possibilité de faire une rechauffe sans avoir à remettre du bois sur la sole du four.
Concrètement, il s’agit d’un four en briques maçonnées, avec une voûte de forme très applatie, permettant que la flamme vienne « lécher » la voûte. On appelle « gueulard » une pièce en fonte que l’on vient insérer au-dessus du foyer, dans le four, et qui permet que la flamme soit déviée parallèlement à la voûte pendant la chauffe (sans le gueulard, la flamme irait droit sur l’avant de la voûte et chaufferait essentiellement cette partie du four). Le gueulard est retiré à la fin de la chauffe pour être remplacé par l’appareil à buée, c’est-à-dire un contenant rempli d’eau qui humidifie le four pour donner une couleur dorée aux pains.
Eddy, un des anciens de l’association, a appris à construire ce type de four. C’est lui qui a mené le chantier du Pain Levé, épaulé en cela par de nombreu.x.ses boulangèr.e.s de l’association ainsi que des personnes curieuses de découvrir ce type de construction. Qu’elles en soient toutes chaleureusement remerciées!
Au printemps 2022, on a commencé par construire le socle du four. Il s’agit d’un bloc assez imposant (en l’occurrence d’une surface de 11m2 pour 1,2m de hauteur) fermé par des parpaings et qui a été rempli dans notre cas à l’aide de pierres et de sable récupérés aux alentours du chantier.
Le socle est fini sur le dessus par une dalle en béton de chaux. On voit à l’avant l’espace dédié au foyer.
Puis vient la maçonnerie du foyer, en briques, au moyen de coffrages et d’un gabarit en bois qui sert de support à la voûte arrondie du foyer.
ça monte, ça monte! Le bas du four est fermé sur les côtés par deux rangées de briques monomur en terre cuite. Le socle a été recouvert de plaques de siporex afin d’améliorer l’isolation du four par le dessous. Enfin, une ouverture rectangulaire a été maçonnée, permettant la communication du foyer (en dessous, à l’avant) et du four (qui doit encore être construit au-dessus).
Sur la photo ci-dessus on peut voir la première ligne de briques de ce que l’on appelle le « pied droit » du four, c’est-à-dire la base de la voûte qui commence au droit avant de s’arrondir. On voit aussi sur la gauche que la porte métallique du four a déjà été posée.
Revoilà la porte du four, vue de face.
Le pied droit est déjà un peu plus haut, avec plusieurs hauteurs de briques.
Nous terminons le pied droit par des pans inclinés. C’est cette inclinaison qui va permettre de reprendre les briques de la voûte tout en lui donnant son arrondi.
Entre le pied droit et les briques monomur, contre les briques monomur, on est venu installer un isolant. Puis coulé un béton de chaux a été coulé entre les deux.
Pause de la sole du four en épis afin que la pelle d’enfournement glisse sur la sole sans déterriorer les pavés de sole. Ces derniers sont simplement posés les uns contre les autres.
Installation de l’assise du gueulard (pièce en fonte) permettant de positionner le geulard.
Pour pouvoir construire la voûte, l’intérieur du four est rempli de sable. Le tas de sable taloché en un dôme régulier, va servir de support à la maçonnerie de la voûte et viendra lui donner sa forme.
Le gabarit en sable est prêt. Il a été réglé grâce à une pièce en bois fabriquée pour donner la forme souhaitée à la voûte. Finalement, le gabarit a été talloché.
Maçonnerie des briques de la voûte. Cela s’effectue rang par rang en partant des pans inclinés. Le périmètre des rangs se réduit à mesure que l’on monte.
On arrive à la fin de la voûte.
Pour finir, nous préparons ce que l’on appelle les clés de voûte. C’est la dernière rangée de briques, taillées à blanc, et qui seront toutes scellées en même temps. Cette étape est l’aboutissement de la construction de la voûte permettant à cette dernière de tenir.
Merci à Margrit pour ses puissants coups de maillet nécessaires pour enfoncer la dernière clé de voûte.
Voila la clé de voûte au petit matin, après l’apéro pour fêter ça!
« Attention! Ne pas ouvrir cette porte sous peine d’être enfoui sous une tempête de sable! ». Il fallait bien afficher ce message sur la porte du four, car l’ouvrir par simple curiosité est des plus tentants. Or le sable doit rester quatre semaines en place, le temps que le chaînage extérieur des briques monomur ait sa résistance mécanique optimale, pour pouvoir retenir la poussée de la voûte! Et oui!
Alors là, on arrive à une des dernières étapes, en l’occurence l’application de l’enduit de finition sur la façade du four. Il s’agit d’un enduit terre fait maison. En tout, on va appliquer deux couches.
Les quatre semaines se sont écoulées et on a pu désabler le four. Pour cela, il faut rentrer à l’intérieur et sortir le sable seau par seau. Ce qui n’a pas l’air si désagréable….Le sable est ensuite versé au-dessus du four, sur la voute où il contribue à l’isolation.
Enfin, on peut voir le four de l’intérieur: la sole et ses larges pavés, la voute dont il faudra encore gratter les joints de terre, et au premier plan: le fameux gueulard!
Voila à quoi ressemble le four au bout de toute ces étapes: pas mal, non!? Les enduits finissent de sécher. Il y aura bien encore deux trois petites choses à bricoler avant de cuire la première fournée (le conduit d’évacuation des fumées notamment), mais déjà, on est bien content.es!
Une réponse à “Janvier 2023: ça y est! Le four est -presque- fini!”
Wouahou c’est magnifique!